Un peu d’histoire

Dans les années 50-60, alors que l’automobile supplante l’utilisation des voiture hippomobiles, quelques pionniers voient avec le cheval un moyen de voyager différemment, de se rapprocher de la nature.

En attelage, à cheval, une nouvelle discipline naît : Le tourisme équestre.

Pour encadrer cette activité, en 1963 est créé l’ANTE, association nationale de tourisme équestre. Des stages de formations sont mis en place, ainsi que les premiers diplômes d’encadrant de l’activité.

En 1975, création de la FITE, Fédération internationale de tourisme équestre. Afin de rassembler les organismes nationaux liés au tourisme équestre.

Nouvelle activité ? Nouveaux défis !

Les randonneurs s’organisent pour mesurer leurs compétences en orientation, les qualités de leurs montures en milieu naturel.

Alors que le mot Trec ne sera officialisé qu’en 1987, bien avant cela aura lieu le premier Centaure. Je ne peux m’empêcher d’imaginer le moment de la création de cette épreuve. Alors que la distance préconisée à cheval en randonnée est de l’ordre de 30km par jour….

Je vois bien une bande de copains randonneurs autour d’une table au troquet du coin, leurs chevaux stationnés devant la porte, un peu pouilleux après une grosse journée à cheval, en automne, sous la pluie… A se jeter un nième apéro… Ben, oui, à l’époque…. ça picole sec ! on sert encore du vin dans les cantines scolaires ! Alors imaginez les idées farfelues qui pouvaient émerger des adultes !!

Revenons-en à nos cavaliers mouillés (Le matériel n’étant pas encore celui d’aujourd’hui non plus) dans le troquet du coin qui vantent des mérites de leurs chevaux et leur capacité à s’orienter dans les pires conditions.

Non, mais sérieusement… Dans quelles autres circonstances peut-on, sinon, imaginer ce qui va suivre ???

  •  » On en fait une compétition ?
  • Evidemment, la joyeuse assemblée accepte !
  • Alors les gars, quelle distance ? 30km ? 50km ?
  • Non, 100km ! Parce qu’on serait des cent-taures ! Mi Homme, mi cheval !
  • Ok, mais alors en hivers, pour que ça ne soit pas trop facile !
  • ‘rire des comparses ‘ Mais oui ! Et de nuit tant qu’à faire !
  • Une nuit sans lune ! Non, mieux, deux nuits !
  • Oui ! génial, et sans repos entre les deux !!
  • Et faudrait qu’il y ait de la neige ! de la pluie ! Un tracé vraiment compliqué… »

Cette petite histoire sans aucun fondement et sortie tout droit de mon imagination ne fait que de témoigner de mon questionnement : Comment a-t-on eu l’idée de créer un truc pareil ?!?

Avons-nous vraiment besoin de nous faire mal ?? Alors que nous pourrions être tranquilles, au chaud sous la couette !

Et voilà, en 1971, naît le centaure. L’épreuve la plus éprouvante, physiquement, psychologiquement, la plus longue, la plus fatigante…

Et dans la ligné de ces joyeux compagnons, cette épreuve se perpétue, années après années, trouvant son lot de Centauriennnes et Centauriens. Courageux ou fous d’un jour ou adeptes addicts reconduisant systématiquement l’épreuve.

Des femmes, des hommes seuls face à eux-mêmes, qui franchissent la ligne de départ et dont la lueur des lumières frontales s’éloigne au son des chevaux au petit trot, dans l’obscurité.

Comptant les foulées de leurs chevaux pour estimer les distances parcourues, enchaînant, azimut sur azimut. Passant par des ressentis diverses et variés…

La petite angoisse juste avant de partir ;

La satisfaction d’enchaîner les virages, croisements, hors-pistes et de savoir précisément où on se situe sur la carte ;

Le moment où, ça y est, on commence à se perdre, à chercher un chemin, un passage à galérer dans la brousse… Oui, oui, parce qu’il ne faut pas se leurer… On va tous vous perdre un peu…. ou un peu plus !

Le lever du soleil, magnifique, où l’on se rend compte que ça fait 7h qu’on est à cheval et qu’on en est à peine à la moitié du parcours de la première nuit !

La joie liée à chaque petite victoire, quand on croise les sympathiques contrôleurs ;

Les doutes, c’est trop, je n’y arriverais pas ;

L’euphorie de l’arrivée…. Juste avant d’aller au contrôle vétérinaire, s’occuper de son cheval, manger, aller en salle des cartes, se rendre compte qu’on n’a pas eu le temps de faire la sieste tant convoitée et que dans 1h, c’est le moment de recommencer !

Tout ça, pour espérer gagner la consécration ultime, le St Graal du cavalier…. Matérialisé par une boucle de ceinture.